La musique racontée par son auteur, Rémi Boubal
La question de la musique a toujours été essentielle dans les films de Flore. « Meeting Snowden », son précédent et notre première collaboration, nous a permis d’élaborer un vocabulaire commun et d’échanger sur ses attentes en musique.
Dès le début de nos discussions, elle m’a fait part de son désir d’une musique narrative, utile au propos et non pour servir de décor ou accompagner de beaux plans. C’est un film militant, combatif. L’idée était d’avoir une musique là où l’on ne l’attendait pas. Qui surprenne et non qui lisse le film. Au fur et à mesure des tournages, le ton du film s’est durci et Flore souhaitait une partition qui aille dans ce sens mais sans violence. Une musique de combat, de guerriers mais avec douceur, en évitant l’écueil des films d’action hollywoodiens.
La mise en scène est réaliste, Flore filme ses personnages dans leurs environnements, peu urbains, très organiques. Il m’a alors semblé intéressant de privilégier des sonorités acoustiques.
- A l’image du personnage fil rouge Melati, la musique se devait d’être fragile, douce mais déterminée. J’ai alors choisi d’écrire pour une petite formation, ici un piano et un quatuor à cordes, pour aller vers une musique intimiste voire classique pour suggérer l’universalité de sa cause. Enfin ici et là, il était important d’avoir un certain lyrisme pour révéler des émotions supplémentaires et lier encore plus les personnages entre eux. Des solistes m’ont permis d’élargir la tessiture de cette formation.
- La flûte symbolise le combat de Mohamad (Liban) avec des accents de musique du Moyen-Orient. Le trombone basse ajoute de la tension lors des séquences de portraits tournés au ralenti.
- L’ajout basse-contrebasse et d’un percussionniste ancrent la bande originale dans la terre, à l’image de Winnie en Ouganda, l’agricultrice qui apprend aux réfugiés à survivre.
- Ces percussions permettent aussi de faire le lien avec René, habitant des favelas de Rio dont les batucada et les coups de feu rythment le quotidien.
- Elles prendront un sens différent en accompagnant Xiu, indien d’Amérique pour qui le rythme, au-delà de l’aspect tribal, est lié à son combat contre l’exploitation du gaz de schiste à travers sa musique : le hip hop.
* : La bande originale est exclue de la licence CC BY-NC-ND.
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